NECROS CHRISTOS - Triune Impurity Rites (CD)
« 'Triune Impurity Rites' or : The Grand 9
Cultmysteries of the Templum Necromantorum » est le titre entier de ce
premier full-lenght des Allemands de NECROS CHRISTOS. Dire qu'il
n'était pas immensément attendu dans l'underground Black/Death Metal
serait mentir à la hauteur de l'attente manifestée. En effet, NECROS
CHRISTOS a suscité énormément d'espoir auprès du public en sortant un
bon nombre de démos et splits fameux, assorti d'un E.P de qualité en et
en produisant des sets mémorables lors de festivals tout autant
marquants. Aussi, quand Sepulchral Voices Records a sorti les deux
premiers milliers de copies en février 2007 du « Christ Mort », les
maniacs se sont rués dessus comme des Furies - terriblement assoiffés
par ce sang nécrosé et ce Blackened Death Metal old school foncièrement
occulte. Car si vous devez retenir quelques adjectifs qui définissent «
Triune Impurity Rites », c'est ceux-ci : 'Blackened', Putride &
Occulte. Génial aussi, il me semble.
« Triune Impurity Rites » est la recette parfaite, vraiment,
qu'attendaient les fans. NECROS CHRISTOS se pose désormais comme LE
maître en la matière, ou peu s'en faut. Interprêtant un Death Metal à
l'ancienne, traditionnel et pesant, il fait la part belle aux Ténèbres,
au Sang et à la Mort. Les membres du combo désignent leur style comme
du « Necromantic Doom Death Metal » : c'est un pléonasme en soi, mais
cela souligne leur volonté de revenir aux origines, au nom même du
Death Metal. C'est aussi un Titre cynique en forme de crachat à la
gueule de ces cohortes d'orchestres jouant tous de plus en plus vite,
de plus en plus technique – Death Metal que j'abhorre grandement. Ils
font du Metal de la Mort non ? Enfin, NECROS CHRISTOS conçoit un
concept-album mastodonte, chose vraisemblablement peu courante dans le
genre et que je vais m'efforcer de détailler plus loin. Le titre en
entier du disque laisse ainsi facilement imaginer de quoi il en
retournera. « Triune Impurity Rites » avait ainsi tout pour me
plaire... « Darkness, Death, Damnation and Doom » sont les grandes
lignes guidant ces âmes des plus noires, qui ont fait naître NECROS
CHRISTOS en 2001 dans la Capitale de l'Allemagne. [Pour info, ces mêmes
âmes ont d'abord fondés en 1992 un premier groupe de Death Metal :
DROWNED].
Personellement j'avoue avoir eu du mal au début à accrocher à la
rondelle noire, pour plusieurs raisons. Je l'ai même rejeté un temps,
écoeuré par la ferveur et l'adoration des maniacs pour cette formation
s'inscrivant dans cette flopée d'autres groupes faisant de la
bestialité, de la crasse, du satanisme, du sexe de bête et de la
formule Black/Death/Thrash - tout un univers à vénérer et une ligne de
conduite dure que seuls les « vrais » metalleux de l'extrême suivent.
Des groupes inspirés par BEHERIT, VON, DEATH YELL (j'en perds beaucoup
en route) et tous ces vieux groupes de l'extrême, obscurs ou oubliés,
en tous cas undergrounds et difficilement classables – produit en
général par Nuclear War Now! Productions (excellent label). Sur le
papier, NECROS CHRISTOS ne pouvait donc que me séduire – je me répète.
Et je l'ai rejeté quasi en bloc. Mais têtu, je l'ai réécouté plusieurs
fois depuis sa sortie : qui sait si je n'aimerais pas en fin de compte
? Mes arguments pour ne pas l'aimer pesaient-ils plus que les
contre-arguments ? Force est de constater que mon attrait pour le Death
et le Thrash old school, intérêt renaissant depuis quelques temps et
grandissant, m'a incité à m'y pencher plus sérieusement. Je possède
désormais le recul nécessaire pour écrire correctement cette critique.
Et je peux vous dire que ce « Triune Impurity Rites » développé au
Sound from Below Studio est un putain de bon album de Death Metal en
fait. Je regrette mes a-priori d'avant.
Car avec cette voix digne d'une Liche et proche de celle de Goat du
groupe über-culte VON, avec cette basse imposante et cette guitare
serpentine et machiavélique toutes deux accordées bien bas, avec cette
batterie précise, sans blasts mais très lourde, NECROS CHRISTOS
possédait déjà les armes pour bâtir un Death Metal intéressant.
Alors ajoutez à cela : des parties de guitare acoustique ou d'ambiance
soutenues par des percussions d'un autre âge (dont des coups de cloche;
parties qui me rappellent « Dark Medieval Times » de SATYRICON !) ; les
interventions d'un orgue typé seventies - idéal pour créer des
atmosphères rétrosataniques genre Rosemary's Baby, et Salem/Simetiere
du King – et une excellente production mettant en valeur les harmonies
diaboliques et les accords torturés des guitaristes – produisant un son
chaud, organique et précis - et vous obtiendrez un Death Metal à la
valeur nettement ajoutée.
Enfin, construisez un concept-album de mammouth, hyper carré, duquel
transpire littéralement un occultisme tout satanique, pestilentiel et
ritualisé, du genre de celui de ces sociétés secrêtes adorant la Mort
plutôt que la Vie et vous vous régalerez d'une peinture musicale issue
des affres de l'esprit humain, putride et inhumaine. « Triune Impurity
Rites » est un véritable Monument aux Morts...
Cette descente au pays d'Hades longue d'une heure hypnotique se fait en
plusieurs étapes bien déterminées. L'Oeuvre au noir se divise en trois
parties : les trois fois Trois Mystères. Chacune d'elle se termine par
une Porte s'ouvrant sur la partie suivante et en toute fin, vers la
Mort (ce sont les parties acoustiques). Chaque partie contient trois
des neuf Temples du rite initiatique (on démarre au XI.99 pour arriver
au I : ce sont les interludes d'ambiances). OK, mais où est le «
Necromantic Doom Death Metal de NECROS CHRISTOS dans ce bordel d'initié
? Et bien ces joyaux s'enchaînent avec régularité – et la mécanique
fonctionne à merveille. On en trouve trois dans la première partie,
trois dans la suivante, puis deux dans la dernière, qui contient
elle-même le « Triune Impurity Rites » en question... Soit trois
dernières pistes évoquant à la suite, « Darkness, Damnation & Death
». Vient ensuite la dernière Porte, vous faisant passer de Vie à Trépas
vers le Néant de la Mort...
Au total : onze coups de tronçonneuse à base de pur Doom Death Metal
jouissif, entrecoupés de douze interludes acoustiques/d'ambiance. Le
lourd et nécrotique côtoie la poésie mélancolique et douceâtre des
parties acoustiques : voyage subtil et unique... Pour un résultat
magnifique, impressionnant. « Triune Impurity Rites » est une oeuvre
intelligente, mâture, dépassant bien des limites du genre,
s'affranchissant des modes pour conquérir avec une personnalité très
affirmé le trône mis de côté du Death Metal... « Triune Impurity Rites
» est un long cheminement occulte vers la Mort – un chef-d'oeuvre du
Death Metal. LE Death Metal a un nouveau maître.
Réédité en mars 2008 en CD et vynile, il est assurément l'un des
meilleurs skeuds de la décennie dans son genre. Son succès ne se dément
pas. A vous d'y jeter une oreille.