Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
The Black Metal Observer
Newsletter
The Black Metal Observer
15 janvier 2009

THE AUSTRASIAN GOAT - S/T

tag


« Le siècle est à la mort et la mort est sur nous, nous avons assez de moyens pour que chaque homme soit quarante fois tué, déjà nous ne savons que faire de nos armes, les bâtiments ne nous suffisent plus, déjà nous creusons les montagnes et c'est dans les entrailles de la terre que nos moyens de mort s'entassent. »
 
« Notre oecumène paraît l'arsenal et c'est par dizaines de millions que les humains besognent pour la guerre, nous n'imaginons plus de rompre ce tempérament où la morale et l'intérêt passèrent alliance, notre jeunesse payera demain le prix du paradoxe, elle l'éprouve, elle s'insurge et nous ne pouvons lui promettre le miracle, nous n'osons même plus la sermonner, nous sentons qu'elle est déjà condamnée et que les révolutions ne changeront son lot. Il est trop tard, l'Histoire ne s'arrête plus, nous sommes emportés par elle et l'inclinaison de ses plans nous défend d'espérer un ralentissement quelconque, nous allons à la catastrophe planétaire et l'univers est plein de gens qui la souhaitent et la souhaiteront de plus en plus, pour échapper à l'ordre, un ordre toujours plus absurde et qui ne se maintient qu'au préjudice de la cohérence et, partant, de l'humanité de l'homme. » (1).

* * *

L'être humain est en tout ou presque détestable. Il est une anomalie, comme la Solution Finale le fut lors de la Seconde Guerre Mondiale (lisez ''Si c'est un homme'' de Primo LEVI) – une Shoah inhumaine mais au visage humain. Un acte indescriptible, un acte inqualifiable, un moment chaotique, infernal... Détruire la vie. Exterminer consciencieusement l'existence humaine, éradiquer les personnalités et mettre fin à la Vie... L'Humain ne glorifie pas la vie : ses civilisations reposent toutes sur la Mort.

Nombre de metalleux de l'extrême désirent de même éradiquer l'Humanité, dans leur texte et au travers de leur musique. Je le désire aussi et en même temps, observer la cruauté, même psychologique m'est insupportable... Je HAIS l'humain, mais je ne peux me résoudre à le voir souffrir, perdre sa dignité... Néanmoins dans le cadre de mon travail, je reçois de nombreuses personnes à la vie chaotique, aux enfances malheureuses et traumatisantes, vivant une existence désocialisée, marginale et je ne peux y rester insensible. Humain, trop humain comme disait l'autre. J'aimerais que l'Humanité n'ait jamais existé. J'aimerais être l'Anti-Christ et tout effacer, d'un seul coup. Mettre fin à cette chimère, mettre fin à ce cauchemard, à ces vies si courtes et si absurdes, à cette Histoire que les hommes se créent pour exister... Je crois que THE AUSTRASIAN GOAT, que j'ai déjà interviewé, partage des vues semblables aux miennes.

Et quel grand coup de pied au cul ai-je pris quand j'écoutais pour la première fois l'album-titre de THE AUSTRASIAN GOAT, jeune combo français sis à Metz en Lorraine. Ce disque a fait à l'époque l'effet d'un raz-de-marée en moi et la sensation n'a pas cessé - elle reflue à chacune des écoutes de ce fabuleux full-length. Fruit d'un seul homme, notre Homme-Bouc a ici conçu une oeuvre monumentale, compacte, énormissime, nous tirant dans ses Ténèbres abyssales, au fond desquelles se trouvent certainement, accompagnée d'un retour dans le passé, une lumière oubliée, spectrale, mélancolique... Julien/The Goat ex-guitariste/hurleur de SHALL NOT KILL, a non seulement fabriqué une Oeuvre majeure du genre, mais également un opus pétri d'émotions fortes, déliquescentes et majestueuses. Sorti en 2007 chez I Hate Records, ''The Austrasian Goat'' est aussitôt devenu une pièce incontournable pour tout amateur tant de Funeral Black Metal que de Doom Metal funèbre.

Il vous faudra apprivoiser et digérer neuf pistes pour un total approchant les trois-quarts d'heure pour saisir le monolithe archi-macabre que représente THE AUSTRASIAN GOAT. Un metal processionnaire, spectral, empli d'illuminations sonores (comment décrire cela autrement ?) et en même terriblement lourd, qui vous pèse sur l'estomac, sur l'esprit, sur le moral... Un lourd Titan pesant et marchant droit devant lui et que rien ne pourra arrêter – un véritable rouleau compresseur. Si vous n'êtes pas préparé à une telle écoute, n'essayez même pas. La souffrance humaine retranscrite en musique atteint ici son zénith. La Haine est son fardeau. Une « ...vision toute personnelle du Black Metal, par un Punk qui écoute pas mal de Doom... », voilà comment son géniteur décrit sa création. Un Metal qui se vit, qui s'écoute et se contemple plutôt qu'il ne se décrit (http://www.myspace.com/austrasiangoat).

Rêvons un peu avant de terminer cette chronique...

L'Austrasie fut une contrée à cheval sur les actuelles Belgique, France et Allemagne qui naquit au Moyen-Âge. Ce Royaume fondé par des Mérovingiens où l'on refusait le christianisme et où le paganisme reprit sa vigueur, connut un Âge d'Or qui dura trois siècles. Voici ce qu'en dit The Goat sur son site http://www.theaustrasiangoat.com : « Austrasia was the name of a forgotten land, between france and germany. Centuries after centuries, the people of Austrasia refused the christian influence and kept a relative independance until the 18th century. Through the ages, this land kept marks of ancient pagan rites, scares of deceases and major conflicts, and shroud of suffering, hidden behind apparent serenity. This green desert attests the fall of a civilization. An isle of freedom. A territorial incarnation of despair. THE AUSTRASIAN GOAT is a way to celebrate a cultural singularity, independantly from any national consideration. The Goat doesn't care about borders. His banner is as black as the depth of his wounded soul. The Goat incarnates a dark truth trough a fragile humanity. »

D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?
Ce disque répond à sa manière.


1_Albert CARACO - Bréviaire du Chaos, page 12, éditions L'Âge d'Homme.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité