CAINAN DAWN - In Darkness I Reign

On doit reconnaître à Yamaël de NIRNAETH, tenancier du label Eisigermond Productions, qu'il a de sacrés bons gouts en matière de Black Metal (en général). Je ne peux pas tout apprécier, mais globalement, ce qu'il produit est très bon. Ainsi, la première démo des Savoyards de Chambéry CAÏNAN DAWN, ''In Darkness I Reign'' est un petit bijou d'un Black Metal qui défouraille et pèse sur le moral. De l'occulte et des ténèbres ? Ok, CAÏNAN DAWN va vous en servir une grosse plâtrée dans cette démo au son plus que correct. D'ailleurs, si la formation avait rajouté deux titres à cet enregistrement, elle aurait largement pu le transformer en album – car la qualité est là, pour sûr. Les vingt-cinq minutes de cette démo passent sans problèmes et les titres sont évocateurs.

J'avais chroniqué cette démo à sa sortie, en août 2007 et ça fait du bien de la reprendre dans les oreilles. Je continue de penser que cette démo est vraiment très bonne : on se retrouve empêtré telle la mouche dans la toile de l'araignée, dans ce son ample et caverneux, dans ces atmosphères occultes, ésotériques et ténébreuses, dans ce Black Metal fin et racé avec cette voix de malade. Toutefois je continue également de penser que les influences se font trop nettement ressentir et c'est là que le bât écorche un peu CAÏNAN DAWN : NEHËMAH en tout premier lieu (et je crois que Sorghal le guitariste n'y est pas pour rien – mais pas seulement : niveau voix aussi !), puis des formations cultes comme INQUISITION (''In Darkness I Reign''), MARDUK et la scène suédoise, globalement. Ces influences sont un vrai problème : le Black Metal de CAÏNAN DAWN s'il est excellent, en transpire trop fortement. Je les avais ressentis déjà lors de la découverte d' ''In Darkness I Reign'' mais pas autant qu'aujourd'hui avec le recul et cette perméabilité désenchante l'écoute – et c'est vraiment pénible à le dire, car les compositions sont finement ciselées et développent des ambiances tripantes.

''In Darkness I Reign'' débute par une intro bien sombre et luciférienne, dans le style de ce qu'un SEPTIC FLESH sait faire en la matière – si vous voyez le genre de plage d'Ambiant dont je veux parler. Ici le temps est à la colère diabolique et l'intro menaçante prépare à la guerre ténébreuse de ''Perversion of Truth'', une piste rapide aux relents sataniques. On constate d'emblée comme les riffs sont recherchés et accrocheurs. On passe de parties blastées à d'autres plus occultes – cette track tue. ''Into the Pit'', morceau mid-tempo sur sa première moitié aurait pû être tiré d'un disque de NEHËMAH... Il est lui aussi très bon : mais je me demande où est CAÏNAN DAWN là-dedans. Vient la title-track qui aurait elle pu figuré dans la track-list d'un LP d'INQUISITION : mais là aussi je prend mon pied à son écoute. ''Burden of Reality'' possède une pêche d'enfer (ah cette boîte à rythme sciante mes amis – quel talent de programmation !) et fera headbanguer tout un chacun – en concert ça doit saigner ! ''Edge of Zigurat'' prend une tonalité un peu orientale et païenne en intro, avant de tout détruire ensuite, dans un style MARDUKien. ''Unknown'' a lui aussi mangé du speed au ptit déj : une piste destructrice et apocalyptique qui laisse sur les rotules. CAÏNAN DAWN construit son opus en un crescendo de violence intelligent !

J'ai un réel plaisir à écouter à écouter ''I Darkness I Reign'' de CAÏNAN DAWN, car tout tient la route et que c'est bien fichu (écoutez : http://www.myspace.com/cainandawn). Je ne m'en lasse pas, même. Mais les Chambériens de CAÏNAN DAWN manque cruellement de personnalité. Je le classe parmi les bons suiveurs et je ne suis pas sûr que le groupe ait voulu faire quelque chose d'original – mais plutôt une démo de qualité et efficace. L'Aube Caïnique pointe, laissons son soleil sanguin atteindre son zénith dans ce ciel ténébreux.