INQUISITION - Into the Infernal Regions of the Ancient Cult
INQUISITION est une formation de Black Metal
véritablement culte – enfin un groupe qui mérite ce statut. INQUISITION
est un duo culte, INQUISITION est un combo qu'aucun amateur de Black
Metal ne peut ignorer. Ces mecs sont des dieux. Voilà ma chronique est
terminée.
Nan, mais je pourrais terminer là, car c'est suffisant. Leur Black
Metal si singulier, unique en son genre, est tellement bon que je
pourrais m'arrêter là et vous envoyer chier. Ce statut leur est
reconnu. Depuis 2004, No Colours Records l'a bien compris et c'est pour
cela qu'ils produisent ou re-produisent tout ce que conçoit le combo
colombien expatrié aux States. INQUISITION est une bande aujourd'hui
incontournable en matière de Black Metal. INQUISITION, pour moi, est le
SLAYER du Black Metal. Pourquoi qu'il est culte "boubourse" ? Y'a plein
de raisons. Au commencementt, en 1988 (!) quand nos garçons vivaient
encore en Colombie, ils pratiquaient un Thrash technique à la Kreator.
Puis les jolies USA ont attiré Dagon en 1996 pour je ne sais quelles
raisons. Aujourd'hui, ces mecs habitent non loin d'un autre combo
fabuleux plus récent, WOLVES IN THE THRONE ROOM. Mais bon on s'en fout.
Comme tu l'auras compris cher lecteur, INQUISITION est un vieux de la
vieille, qui a eu la révélation du Black Metal en posant ses valises
chez l'Oncle Sam. C'est donc logiquement que petit à petit, dans les
années 93-94, la formation se forge une nouvelle identité (la «
Mystical Dark Violence » comme ils l'ont baptisée) pour enfin sortir,
en 1998, son premier full-lenght dont il est ici question, « Into the
Regions of the Ancient Cult »... Un travail qui portera ses fruits.
Car c'est avec celui-ci qu'INQUISITION va se faire d'emblée connaître,
bien que difficilement. Sorti il y a dix années maintenant, ce missile
produit par le Colombien Sylphorium Records (bien entendu réédité
depuis par No Colours Records en double LP) ne contient que des Hymnes
du groupe. De plus et comme à son habitude, INQUISITION nous propose un
objet à la pochette affreuse et kitsh – faudra vous y faire – mais
surtout, surtout, un Black Metal on ne peut plus efficace, développant
un immense Enfer mental à l'aide d'une personnalité imposante, comme je
n'arrête pas d'essayer de vous le graver dans les neurones. Cette
identité est le reflet des deux personnes qui ont forgé ce culte :
Dagon et Incubus - qui tournent en l'état, à deux seulement, lorsqu'ils
font des concerts !
Incubus, c'est le batteur. Un batteur qui doit s'enfiler des lignes de
coke à chaque enregistrement certainement, car il développe une énergie
ahurissante, une puissance, une lourdeur incomparable. Non, ça ne
bourrine pas à tout va, loin de là et au contraire; non il n'en met pas
plein la vue, mais à l'écoute, on sent ce mec survolté, possédé par le
rythme, possédé par la Haine, le Mal et le Satanisme, dernier trait de
caractère inéluctable quand on parle d'INQUISITION. Un Satanisme dont
font grandement preuve les deux membres, qui sont de véritables
croyants – cette adoration est le thème central de tous leurs skeuds.
Leur zèle affiché fait donc aussi parti du culte. Voilà, Incubus est un
tueur au feeling incroyable, à la justesse affolante. Un des meilleurs
batteurs au monde, en complète phase avec Dagon. Dagon qui lui,
s'occupe du reste : basse, guitare et voix. Et là aussi, ça fait très
mal. Ce poète de Satan possède lui une voix et un timbre uniques dont
il use assez étrangement : il ne chante pas, mais déclame. Je ne lui
connais aucun équivalent. Dagon scande, prononce des incantations,
lance des imprécations d'une voix de corbeau, d'une voix éteinte, sans
joie, sans vie, proprement d'outre-tombe. U-NIQUE. Difficile de vous
décrire autrement comment elle est, mais elle est un peu comme ça, et
réverbérée par dessus le marché, effet dont j'apprécie grandement
l'impact en Black Metal. Jamais Dagon n'hurle : il déclame.
Impressionnant, car ça fonctionne à merveille.
Cet aspect ajouté à ses riffs purement blasphématoires, vous obtenez un
Black Metal respirant l'Occulte le plus noir et cosmique, le Satanisme
et les tombeaux poussiéreux et ouverts. Et encore, je ne vous ai pas
tout dit, notamment des compositions et du style et du jeu si
caractéristique de Dagon... Je pourrais noircir des pages sur
INQUISITION tant il y a à dire sur cette entité. « Into the Infernal
Regions of the Ancient Cult » est un album énorme, long de 66:06
minutes (fallait le faire !) La réédition vynile rajouta encore quatre
titres, blindant le format. Je vous ai dit comment Incubus tapait ses
fûts : avec une conviction et un dynamisme non feints. Au rendu, la
batterie sonne très live et organique, avec une caisse claire un peu
distendue et sonnant quelque peu « carton ». La production en elle-même
est chaude comme l'Enfer, nullement glaciale. La guitare de Dagon est
elle une tronçonneuse à metal qui remue les tripes dans lesquelles elle
fouille sans remords. Les accords et riffs caractéristiques de Dagon
sont insidieux, anciens et sinueux comme un serpent, avec une grosse
dose de mélancolie. La haine en transpire plus qu'elle n'agresse... Le
jeu de Dagon ressemble d'ailleurs quelque peu à celui d'Andrew Harris
de JUDAS ISCARIOT, si je peux l'imager sans trop de blasphème. La basse
qu'il fait rouler derrière est parcimonieusement présente, gonflant
l'atmosphère ou soutenant le rythme avec justesse. Enfin, la voix :
Maître Corbeau aux dix paquets de gitane par jour vous salue bien bas.
Dagon est un sorcier du sang, cela s'entend (notamment sur la
mid-tempo, très processionnaire « The Initiation »). Enfin, pour ce qui
est des compositions, l'un des attraits d'INQUISITION est qu'il propose
des pistes variées, aux plans s'alternant, s'alambiquant de manière
ingénieuse. On ne s'ennuie jamais à leur écoute, avec comme
l'impression qu'elles durent des heures tant elles sont éclectiques :
un peu comme si chaque chanson était composée de plusieurs autres. De
plus, des samples bien choisis de films des années 50 parsèment l'opus,
rajoutant à l'ambiance diabolique du missile.
« Into the Infernal Regions of the Ancient Cult » s'ouvre sur un sample
justement, extrait d'une production de la Hammer certainement et qui
nous plonge dans le bain sanguinaire d'entrée. Déboule ensuite le
monstrueux « Unholy Magic Attack », par lequel INQUISITION nous
démontre toute l'étendue de son talent, de sa maîtrise et de son
intelligence : on passe ainsi par toutes sortes d'ambiances et de
sentiments, les parties s'imbriquant intelligemment, entre fureur et
puissance et moment de déprime. Les accords de Dagon imposent toute la
lourdeur d'INQUISITION, reconnaissable entre tous... Dès lors, les
tubes s'enchaînent : l'irréel et exhalant le souffre « Those of the
Night », qui démontre également une bonne partie de l'influence
Heavyesque du combo. Le morbide et hypnotique « The Initiation » qui
nous plonge dans les affres infernaux... On y notera l'apport de
guitare folk, de façon surprenante, mais parfaitement bien sentie et
donnant du cachet à cette Initiation. Dagon a vraiment l'art et la
manière de nous emmener aux Enfers, sachant ouvrir les portes de
l'esprit qui mènent au désespoir et à l'horreur les plus touchantes qui
soient... On continue avec le catchy « Empire of the Luciferian Race »,
où le côté Thrash du duo ressort de plus belle, sans pour autant perdre
de vue que le Black Metal doit nous plonger dans quelque chose de plus
malsain. Le très Immortalesque « Summoned by Ancient Wizards Under a
Black Moon » (qui n'aurait pas dépareillé sur « Damned in Black ») suit
la cadence et met le feu au pit avec brio. « Journey to Infernukeorreka
» fait lui aussi brandir le poing et dévisser la tête pour une séance
de défouloir garantie ! Vient le titanesque titre éponyme,
instrumental, qui impose un mur de guitare (ah ces riffs de Satan !) et
où Incubus met toute sa patate pour nous faire adhérer au Culte sans
retenue : du délire ! Elle me fait penser à la meilleure période de
SODOM cette piste. La tortueuse « Mighty Wargod of the Templars (Hail
Baphomet) » est quant à elle une track martiale et assez dérangeante :
la bile qu'y injecte Dagon est répandue pour que l'on ne puisse
échapper à la contamination... « Solitary Death in the Nocturnal
Woodlands », neuvième chapitre de l'album, est un autre hymne
incontournable d'INQUISITION : lourd, morbide à souhait, empli de
douleurs et de frustrations, il a le don de me foutre la déprime à
chaque écoute. J'ai le sentiment de traverser la Vallée de la Mort ou
de monter dans la barque de Charon... Extraordinaire. A se loger une
balle dans le crâne. Enfin, « Hail the Cult » est un monologue de Dagon
sur lequel se pose en fond sa guitare déchirante – un joyau qui me
donne des frissons à chaque écoute...
Si vous cherchiez du neuf – bien que cet opus ait déjà dix ans – une
formation avec une véritable âme et qui vous happera dans son univers
dédié au Malin, aux Anciens, aux rites secrets, alors INQUISITION est
fait pour vous. « Into the Infernal Regions of the Ancient Cult » fut
la première étape de la conquête de ces Colombiens. Cette galette
rassemble le meilleur des dix premières années du combo : indispensable
! Hail the Cult !
http://www.myspace.com/inquisitionusa
http://www.inquisition666.tk/