INQUISITION - Magnificent Glorification of Lucifer
Troisième volet des aventures de nos Colombiens
expatriés aux Etats-Unis, ce « Magnificent Glorification of Lucifer »
ne déroge pas au désir d'excellence d'INQUISITION. J'ai déjà déballé un
certain nombre d'informations sur les caractéristiques du combo dans
mes chroniques des deux premiers missiles, respectivement nommés « Into
the Infernal Regions of the Ancient Cult » (1998) et « Invoking the
Majestic Throne of Satan » (2002). Je ne vais donc pas revenir sur
l'identité unique du duo forgée par le sniffeur de cocaïne Incubus,
installé derrière ses fûts, et par Dagon aux vocaux et grattes. Dans ce
troisième méfait, nos Colombiens de Seattle confirment leur nouvelle
ligne de conduite, à savoir pratiquer un Black Metal dévastateur, très
efficace, surprenant et savamment dosé en plans Thrash et touches
Heavy. « Magnificent Glorification of Lucifer » s'impose ainsi comme
une suite logique.
L'univers d'adoration de Satan ne change pas d'un iota et les accords
posés par Dagon sont encore une fois, à la fois incroyablement inspirés
(possédés par Lucifer, certainement) et satanément mémorisables. Dagon
ne sait composer que des hits, vraiment. Ce Monsieur, Musicien avéré,
confirme son indéniable talent pour la composition et son inspiration
manifeste... INQUISITION est, simplement, l'une des toutes meilleures
formations de Black Metal au monde, y'a pas à chier là-dessus. Par
aileurs, l'osmose avec son ami le frappeur de peaux est si forte que
cela se ressent dans leurs jeux respectifs. Incubus ne fait pas
seulement office de dynamiteur, chargé de rendre le full-lenght vivant
et somme toute, de rigidifier les structures, non, il accompagne
carrément son pote (voici un batteur vraiment musicien...) et participe
totalement de l'identité d'INQUISITION. La grosse nouveauté de ce skeud
vient de la production : celle-ci est plus ample, plus organique
qu'elle n'était, car plus abrasive auparavant – un point qu'ils
amélioreront encore pour le prochain, avec succès... Cela fait donc
bizarre au début, mais on s'y habitue. L'autre nouveauté, c'est que No
Colours Records a enfin réussi à mettre la main sur INQUISITION,
produisant le skeud et en faisant l'un de ses fers de lance (après un
premier E.P en 2004, dont les titres se retrouvent dans « Magnificent
Glorification of Lucifer »). Cela se comprend aisément !
J'avoue que, même si la release est d'une qualité irréprochable pour ce
qui est de l'inspiration, de la précision et des compositions, je suis
moins emballé. La production est d'une « bancalité » gênante : ils s'en
sortent, mais la maîtrise viendra pour le suivant; c'est parce que
j'adore ce groupe que je ne laisse rien passer. Et l'adoration sans
faille du couple aux Enfers et à ses Généraux, si c'est admirable tant
de Foi, me saoule quelque peu, à force... Enfin, il y a des choses à
reprocher à ce troisième chapitre. D'une part un point faible à relever
ce serait la voix incantatoire et réverbérée de Dagon, un peu trop en
retrait, comme si les gus n'avait pas su se démerder pour qu'elle sonne
mieux. D'autre part, l'outro, même si assez malsaine, n'a rien à fiche
là, occupant quasi quatorze minutes pour... rien ? Certes quelque chose
en ressort, elle met mal à l'aise, mais ce début de Dark Ambient, suivi
d'un long silence, puis du retour des grattes vrombissantes soutenues
par le synthé (on se croirait dans un film de SF) tel un titre de
Drone, me laisse perplexe. Cela ne colle pas avec l'esprit du disque,
ou d'INQUISITION même et sonne plus comme une expérimentation plutôt
qu'un véritable titre achevé... Dommage.
Pour conclure, « Magnificent Glorification of Lucifer » résonne dans
mon esprit comme la suite de « Invoking the Majestic Throne of Satan »,
sorte de numéro II modifié. Ils ont exactement le même esprit
diabolique.