JUDAS ISCARIOT - Of Great Eternity
Les visions apocalyptiques du défunt JUDAS
ISCARIOT sont à jamais inscrites dans l'Histoire de la musique
metallique extrême. Le désespoir sans fond et la haine annihilatrice
qui ont animés le pestiféré intrônisé qu'il fut creusent comme des
sillons son Oeuvre, de part en part. Andrew Harris, alias Akhenaten,
l'Etasunien seul à tenir les rênes de cet exécutoire de génie, a forgé
un ensemble d'œuvres pétries par sa personnalité torturée, faisant
d'elles une suite de releases très cohérentes qui contribua à forger...
sa légende de formation intègre. La volonté du Sur-Homme que prônait
Akhenaten (grand amoureux du philosophe-poète Nietzsche) l'a également
guidé pour ne pas trébucher comme les cohortes de groupes qui se
suivent en se tenant l'épaule, plongeant dans l'oubli comme l'illustre
la Parabole des Aveugles de Bruegel l'Ancien. Sans en copier aucun
donc, JUDAS ISCARIOT fut de ceux qui tracèrent de nouvelles voies pour
les suivants. Black Metal Leader, not follower ! Ainsi si vous
cherchiez un commando avec une personnalité affirmée, alors JUDAS
ISCARIOT vous est tout entier destiné...
Of Great Eternity est sorti en 1997 chez Elegy Records, ce qui fait de
ce long format le troisième de la série, après The Cold Earth Swept
Below et Thy Dying Light, sortis l'année précédente. Une telle
concentration de sorties démontrent une plus grande encore
concentration d'inspiration et ce besoin urgent de retranscrire toute
la force de ces émotions à libérer pour aussitôt les capturer pour
l'éternité... Of Great Eternity s'ouvre sur une piste où le talent
d'Akhenaten est entièrement démontré. Quasi doomesque en son début,
gorgée de désespoir, la track prend ensuite un rythme bien plus
soutenu, qui saute à la gorge. Aussitôt les riffs taillés dans le
marbre saisissent l'esprit pour ne plus le lâcher : Akhenaten avait ce
satané don pour éjaculer des accords qui hantent les neurones de la
mémoire comme le vers creuse son tunnel dans les chairs putréfiées... «
L'apocalypse » de l'Etasunien se ressent ainsi avec puissance et
pertinence. Impossible de faire demi-tour : JUDAS ISCARIOT vous violera
l'âme sans remords, la tuera et l'emportera dans ce monde de la Mort
dont il fut l'un des rares à détenir l'une des clefs... Enfin, les
atmosphères se succèdent avec délice et empêchent, dans leur récit
macabre, de s'endormir malgré l'hypnotisation forcée que nous impose
Harris... S'ensuit un instrumental typique du Sieur, qui aurait fait
bonne impression également sur Heaven in Flames, cinquième station
anti-christique du combo. Cela me fait soudainement pensé que JUDAS
ISCARIOT aura déployé de ses débuts à sa fin programmée son Jugement
Dernier personnel, tel Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine, en un
nombre déterminé d'albums comme si chaque galette renfermait un bout,
une suite de l'histoire contée depuis les débuts... Qui peut prétendre
à cela de nos jours ? Bien peu, malheureusement. Je ne vais pas vous
détailler les quatre morceaux suivants, mais ils valent tous leur
pesant d'or. Ils sont magiques, prenants, mystiques.
La qualité de l'exécution s'est, dans Of Great Eternity, bien
améliorée. Il a souvent été reproché au Maître Etasunien de ne pas
savoir tenir ses baguettes ni faire remuer ses pieds sur la double
pédale (au demeurant rarement utilisée : JUDAS ISCARIOT fut plus une
incarnation mid-tempo du Black Metal). Il est bien plus convaincant que
sur les précédents opus et les puristes des choses bien faites pourront
le reconnaître je pense. Le reste des instruments est lui aussi plus
maîtrisé et la production est à la hauteur, puissante et largement
audible. Sans tomber dans la facilité, Akhenaten se donne ici les
moyens de convaincre de plus belle les par trop réfractaires à son Art
Noir... Majestueux et Impérial. Indispensable.