« L'Art a pour devoir social de donner issue aux angoisses de son époque. L'artiste qui n'a pas ausculté le coeur de son époque, l'artiste qui ignore qu'il est un bouc émissaire, que son devoir est d'aimanter, d'attirer, de faire tomber sur ses épaules les colères errantes de l'époque pour la décharger de son mal-être psychologique, celui-là n'est pas un artiste ».

Cet extrait de ''L'anarchie Sociale de l'Art'' d'Antonin ARTAUD, je pourrais le ressortir pour toutes mes chroniques où j'essaie tant bien que mal de mettre des mots et images en mots sur ce metal extrême fabuleux qu'est le Black Metal. C'est ce que j'essaie de faire comprendre aux phalanges de lecteurs-auditeurs-critiques passant du temps à me lire, puis à me cracher dessus ou bien à me remercier pour leur avoir fait découvrir tel ou tel groupe... Mais je crois que trouver des gens sur la même longueur d'onde que soi-même, surtout quand on aborde de plein pied l'underground, le Black Metal underground et parfois, l'Art Noir comme ici avec SLAGMAUR, est finalement difficile, notamment dans un webzine généraliste. Je dois rendre à Grabs ce qui est à Grabs : il est le demandeur de cette chronique et je tenais à remplir cette ''mission'', étant donné que SLAGMAUR, je connais depuis les débuts.

SLAGMAUR, c'est ce que l'on pourrait appeler de l'Horror Black Metal pas mal expérimental, bien "barjot", totalement possédé par leurs auteurs à tel point que les frontières se brouillent régulièrement et déroutent l'auditeur – qui ferait mieux de se pogner quelque alcool en écoutant '' Skrekk Lich Kunstler'', sorti en 2007 chez l'underground label Nekk Brekk Prods et qui a récolté, selon ce que l'on trouve sur le site du groupe, les notes maximales lors des nombreux crash-tests auquel il a été soumis.

Cela se comprend aisément. ''Skrekk Lich Kunstler'' suinte, tel le pestiféré agonisant, telle la mélancolie, la folie baroque, telle la décadence proprement occidentale – un état des Humeurs qui reflète les « angoisses » de notre époque... Notre univers s'écroule, notre planète s'effondre – et certaines formations se font les prophètes de cet apocalypse... A l'image de notre « civilisation » putride, dont les liquides empoisonnés nécrosent les terres et les mers et dont les cendres blasphématoires obscurcissent le ciel, SLAGMAUR emplit chaque parcelle de nos esprits d'aliénés avec toute la folie mise à sa disposition...

Difficile de saisir SLAGMAUR via cette Oeuvre de doux dingues...

''Skrekk Lich Kunstler'' c'est du Black Metal à consonance industrielle et baroque, un Black Metal sans en être ou alors pour la forme car en fait, tel le doppleganger, SLAGMAUR prend la forme qu'il désire. Ici, un baroque XIXème siècle comme l'on en voit dans le Théâtre des Vampires du célèbre premier livre d'Anne Rice... Piano, samples multiples, musique classique et baroque, filles en pleur mais aussi guitares rasantes, maladives et distordues, batterie clinquante et inhumaine en mid-tempo, hurlements, cris et imprécations, bruits étranges avec une production de grande qualité – ''Skrekk Lich Kunstler'' est un excellent disque, tout simplement, à mi-chemin entre la bande-son de film d'horreur et le Black Metal. Un univers vraiment unique.

Né du chaos, gorgé d'émotions qui sont à mille lieues d'être catholiques ou saines (...), ''Skrekk Lich Kunstler'' de SLAGMAUR ne laissera personne indifférent. A la limite du bouleversant – mais c'est peut-être parce que j'ai un petit coeur et que je ne suis pas de cette élite intellectualiste qui n'aime que la masturbation de leur cortex... Un disque fantastique qu'il faut absolument découvrir.

SLAGMAUR - Skrekk Lich Kunstler (CD)

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