COMMON GRAVE - Il Male di Vivere
La fosse commune est ce lieu du cimetière, ce
grand trou où sont enterrés toux ceux que l'humanité rejette : les
pauvres, les sans-abris, les inconnus. Pas d'argent. Pas de toit. Pas
de nom ou de parents et proches connus qui subviendraient à ce dernier
acte ultime de toute vie... Sans l'une de ses caractéristiques point de
salut, les vivants ne voudront plus de vous et vous enterreront sans
remords (« c'est mieux que rien du tout ! ») avec ces trop nombreux
êtres hors castes. Je ne sais pas comment cela se passe dans les pays
non-occidentalisés, mais les humains de ces derniers agissent ainsi
avec leurs à-peu-près-semblables. Peut-être devrait-on se mettre à la
place de ces laissés-pour-compte, de ces marginalisés de force, de ces
oubliés de l'Humanité et repenser la dignité humaine quand à jamais
disparaissent ces vies – mais là est un autre débat. Revenons au Black
Metal et à COMMON GRAVE, dont je traduis le nom par Fosse Commune...
COMMON GRAVE est Italien et nous vient de Trévise où il a vu le jour en
1999. "Il Male di Vivere" est le premier full-length du quintet, sorti
en mai 2008 après deux démos de circonstance. Ils ont signés pour ce
disque chez un autre Italien produisant albums fabuleux et albums plus
ordinaires : Eerie Arts Records. Mais bon, je vais aller à l'essentiel
: je n'ai pas grandement apprécié ce disque. Les raisons ? D'abord un
Black Metal trop typé sans personnalité. Car hormis cette basse parfois
ronflante quand cela lui est possible de passer outre les guitares
jouant à la vitesse d'un train grande vitesse, rien d'extraordinaire.
C'est certain, si vous appréciez les opus qui ne bavent pas, avec une
production titanesque, "Il Male de Vivere" fera l'affaire. Ici les
guitares sont tranchantes, précises et mélodiques à souhait. La voix
est assez banale pour le genre, mais s'en sort. Enfin, la batterie, à
qui les Italiens doivent tout, commet de nombreuses frappes
chirurgicales soutenues de parties blastées que Frost de SATYRICON
pourrait envier. Bref, vous voyez le genre : technique, mélodique,
rapide – une recette dont on aime nous bassiner sans relâche. On sera
sûr qu'avec ça et des compositions qui tiennent la route, on n'aura
rien à nous reprocher. Dans un sens oui, dans un autre non, car pour ma
part, c'est un manque cruel de personnalité. Néanmoins, je le souligne,
nos garçons assurent aux instrus.
Mais c'est dans les moments les plus posés, les plus lourds et macabres
qu'une certaine spiritualité et une personnalité plus sincère
transpirent d' "Il Male di Vivere". Faut dire qu'ils ont le temps : les
pistes sont longues et on a soixante-cinq minutes d'écoute sous
l'oreille pour s'y faire. C'est donc dans ces moments plus calmes et
mid-tempo que COMMON GRAVE parvient à me séduire, dans une tentative
sinon progressive, au moins mélancolique, avec l'aide de guitare
électro-acoustique et de cette basse un peu jazzy jouée aux doigts. Une
nostalgie vient alors se glisser à l'ensemble, insidieusement,
accompagnée de sonorités folk-nordiques... Les couches mélodiques se
superposent alors et là, ça devient vraiment intéressant : COMMON GRAVE
devrait à l'avenir se concentrer là-dessus, il y gagnerait. N'écoutez
pas le label qui raconte n'importe quoi en rapprochant la horde de
SHINING, FORGOTTEN TOMB (à la rigueur) et DRUDKH (on est très loin du
génie d'Ukraine).
"Il Male di Vivere" de COMON GRAVE ratisse large et séduira les
amateurs de vitesse et technique à mélodies mélancoliques, les tracks
prenant un visage progressif quand la furie se calme... A titre
personnel, cela me laisse sur ma faim.