FALLS OF RAUROS - Hail Wind and Hewn Oak
FALLS OF RAUROS... Un nom qui sonne agréablement
dans l'esprit et les oreilles de nombre d'auditeurs baignant dans
l'underground... Ce duo étasunien, du Maine, formé en 2005, s'était vu
immédiatement ou presque, mis en lumière par un premier album, ''Into
the Archaic'' : un disque qui avait foutu une sacrée mandale, et l'on
se demandait s'ils allaient pouvoir faire encore mieux par la suite. Du
Black, du Folk, du Rock progressif, la recette valait largement son
pesant de cacahouètes ! Et bien oui, ces mecs ont encore repoussé leurs
limites : ''Hail Wind and Hewn Oak'', sorti chez Morbid Winter Records,
va encore une fois, faire faire un tour sur lui-même avec cette
nouvelle offrande, en infligeant une magistrale baffe de Folk
Rock/Black Metal vraiment touchante. Et FALLS OF RAUROS de confirmer
par-là même que les U.S.A n'ont plus rien ni à envier ni à prouver en
matière de Black Metal au monde entier.
Long d'une heure pour huit titres, on ne peut pas dire que l'on se fait
couillonner en achetant ce disque. Vraisemblablement prise « live », la
batterie sonne méchamment proche à l'oreille, avec ce son organique de
répétition, les peaux un peu détendues. La guitare folk elle, se mêle
aux plaintes de l'électrique, la basse et le piano/synthé sont juste
derrière et les choeurs masculins se mélangent eux aux psaumes déclamés
sans force du Blackeux à la voix rocailleuse... Il en résulte une
montée progressive et intense, terriblement excitante, quand tout cela
se met en branle. Comme si ENSLAVED en quelque sorte, se montrait plus
Black et plus Folk : voilà l'impression que me laisse FALLS OF RAUROS,
qui par-là, saute à pieds joints dans la flaque du rétro 70's. FALLS OF
RAUROS déclare pratiquer un style qu'il décrit comme du ''North
Appalachian Heathen Black Folk Metal'', délicate étiquette tentant
d'être la plus proche de cette musique si particulière. Vous pourrez en
entendre un peu sur leur Myspace : http://www.myspace.com/fallsofrauros.
FALLS OF RAUROS, c'est donc du gros poisson.
S'ouvrant sur une intro calme, où l'on se trouve comme dans l'attente –
ça me rappelle ces passages filmographiques où les personnages
attendent leur destin tragique ou que le drame se dénoue – l'album
commence ensuite par un ''The Fire We Fathered'' gigantesque. Un accord
mélancolique à la guitare sèche, puis le démarrage de la guitare
sonnant seventies, accompagné par une batterie très organique, en phase
– et c'est parti pour douze minutes de bonheur, comme ENSLAVED sait en
donner depuis ''Monumension'' (mais bon, FALLS OF RAUROS a des points
communs avec les Norvégiens, mais les deux formations se distinguent
sur bien d'autres !). Puis la voix Black vient déclamer, soutenue
derrière par un très beau choeur masculin – qui lui rappellera ceux
d'ANGMAR. Le titre prend alors de la vitesse et le tout, une portée
tragique, mélancolique et épique exquise (pensez à WOLVES IN THE THRONE
ROOM)... et de revenir, en un break inattendu, à cette fameuse ambiance
seventies : j'ai l'impression de me retrouver en compagnie de cette
femme que l'on voit sur la pochette du premier BLACK SABBATH... Et tout
le reste est aussi bon, les longues pistes permettant une plongée dans
ce magnifique univers... FALLS OF RAUROS me meurtrit le coeur : nous
sommes en train de perdre ce monde, cette Terre, ces forêts, des lacs,
ces terres ravagées par les engrais acides... C'est leur constat.
L'âme de FALLS OF RAUROS est difficile à décrire : Folk, Rock, Black
mais surtout ''Heathen'' et avec un son et une atmosphère qui ramènent
l'esprit quarante années en arrière... Epique, cosmique, nostalgique,
sombre comme la forêt la nuit sous la voie Lactée, ''Hail Wind and Hewn
Oak'', mélangeant le Folk/Rock avec un son seventies au Black Metal,
avec une grâce et une délicatesse tout sensible, vous enchantera pour
de nombreuses nuits... FALLS OF RAUROS prouve aujourd'hui qu'elle est
une formation incontournable, avec une âme splendide. Décidément, 2008
aura été une année exceptionnelle pour le Black Metal !
NB : le groupe tire son nom des Chutes de Rauros, où plonge le corps de
Boromir après la dissolution de la Communauté lors de la première
attaque des Orques, dans « Le Seigneur des Anneaux ».